Kihon;les techniques de base

 

  Soshin o wasureru bekarazu"Dans votre pratique, n'oubliez jamais l'esprit et l'humilité du débutant. Proverbe japonais  

 

     
 

Les kihon sont des séries de mouvements répétés seul. Le senseï montre un mouvement précis et le fait répéter d'un bout à l'autre du tatami. Ces techniques sont des attaques aussi bien que des blocages avec contre-attaques. C'est l'occasion pour les débutants d'apprendre les techniques de base, et pour les initiés d'améliorer leur aptitude à exécuter correctement et avec force la technique. Cette étape de l'entraînement prépare en fait la suivante, le kumité.
C'est Gichin Funakoshi qui a introduit cette forme de pratique lors de son séjour au Japon. La pratique sans relâche des techniques de base  nous prépare graduellement à la maîtrise du karaté, elle assure l'acquisition d'une mécanique gestuelle complète .Ses différentes applications, du mouvement simple isolé aux enchaînements dynamiques le plus complexes, sont autant de moyens propices pour maîtriser la plupart des principes de base du karaté. Auparavant, le To De ne se pratiquait que par les katas, le kihon kumité et sur le makiwara . Funakoshi jugea que la pratique et la répétition des mouvements et postures de base sur un rythme donné par l'instructeur dans le but d'établir des automatismes, convenait parfaitement à l'apprentissage et à l'étude du karaté.  
Chaque élève doit améliorer les aspects techniques de chaque mouvement, puisque l'entraînement répété de mauvaises positions amène l'acquisition de mauvaises habitudes qui sont ensuite très difficiles à rectifier. L'entraînement doit être progressif, il se fait d'abord lentement et avec une concentration maximale pour que bien assimiler au niveau moteur les différents mouvements. La vitesse peut alors être accrue, tout en se concentrant et en cherchant à améliorer constamment le mouvement tout en souplesse,  de la façon la plus simple possible sans mouvements inutiles. Kanazawa expliquait que l'apprentissage du Tai-Chi l'avait beaucoup aidé à perfectionner ses techniques du karaté. La réalisation de n'importe quelle technique doit devenir si habituelle qu'aucune réflexion n'est demandée par la suite et ainsi devenir un automatisme.

 

Si l'on veut pratiquer un déplacement rapide sans temps d'appel en avançant ou en reculant, il faut que tout passe par le ventre. G.Funakoshi

L'apprentissage, le perfectionnement et les enchaînements

Tous les mouvements de base se pratiquent en kihon, on y distingue trois formes utilisables à tous les niveaux; l'apprentissage, le perfectionnement et les enchaînements. À la première étape de l'apprentissage, que ce soit pour les coups de poings, les coups de pied, les blocages et même certaines esquives (tai sabaki), chacun d'eux peut être pratiqué comme technique isolée aussi bien qu'en enchaînements, d'abord en statique, puis sur un pas, et ensuite en variant le déplacement , la direction et la position.

Le perfectionnement a pour objectif l'amélioration du geste, sa fluidité, la vitesse, la puissance, le kimé. Après l'échauffement qui commence le cours, c'est généralement avec le kihon et des kata que le cours se poursuivra. Le kihon doit être pratiqué sans relâche, car le karaté est comme l'eau chaude qui se refroidit si on ne lui apporte pas une chaleur constante. Funakoshi affirmait, vers la fin de sa vie, qu'il ne faisait que commencer à maîtriser le coup de poing de base! Venant d'un maître d'une telle envergure, cette affirmation porte à réfléchir sur notre conception de la maîtrise d'une technique.La veille de sa mort, il dit à un de se élèves;" C’est étrange, ce matin je sens réellement Tsuki (le poing). Un poing, une vie... ! ".

Le travail des enchaînements débute par l'application du principe de base; blocage, contre-attaque. Il continue avec des combinaisons plus complexes, avec des déplacements variés. Il se spécialise aussi sur le système offensif; enchaînements d'attaque et de déplacements visant à déborder l'adversaire.

L'entraînement personnel au makiwara

En 1609, l'archipel d'Okinawa est envahi par les Japonnais. En réponse à cette invasion, le To-De est developpé dans un but unique de combat  face à des Samouraïs protégés par des armures et armés de sabres. Le renforcement au makiwara est nécessaire face à ces soldats en armures et le secret des techniques aussi...

.Un makiwara est un planche en bois recouverte le plus souvent d'un bloc de mousse ou de paille utilisé pour le travail de la frappe contre une obstacle. L'entraînement au makiwara était employé par certains dans le passé pour conditionner simplement les mains et la peau à frapper répétitivement. Il est maintenant surtout utilisé pour s'habituer de frapper réellement une cible dure avec la bonne technique, une bonne rotation des hanches...etc. L' entraînement au makiwara doit être commencée lentement et doucement afin d'éviter les blessures.

  L'entraînement au sac

 

Comme avec l'entraînement au makiwara, le sac est utile pour apprendre à frapper correctement. L'erreur la plus commune faite dans l'entraînement au sac est d'essayer de frapper trop fort trop tôt. Ceci a souvent comme conséquence des blessures aux articulations, à la peau et conduit l'exécution d'une mauvaise technique car on a peur de se faire mal. Le karatéka doit commencer à pratiquer en contrôlant ses coups. La technique doit être faite lentement et la surface même du sac ne doit être atteinte qu'à la pleine extension de la technique, en kimé sun-domé, c'est à dire d'une façon contrôlée et avec un maximum de force.. Quand l'élève s'est habitué, il peut se rapprocher légèrement pour que l'impact se produise juste avant la pleine extension.

À ce stade, on ne doit pas essayer de développer la puissance contre le sac, mais plutot travailler la forme de la technique. On peut travailler de la sorte jusqu'à ce que l'on effectue un technique correcte et puissante depuis n'importe quelle distance.

Le Shotokan, les positions les plus longues

 

Mentionnons que les positions originelles du To-de était beaucoup plus hautes et naturelles que celles du Shotokan contemporain, tout comme celles des styles du Sud de la Chine qui ont influencé la naissance de l'Okinawa-te. C'est Yoshitaka Funakoshi, son troisième fils, qui a "exagéré" les positions, les abaissant au maximum, les allongeant jusqu'aux positions qui caractérisent le Shotokan d'aujourd'hui. Le centre de gravité descend, accroissant ainsi équilibre et force statique; l'allonge de l'attaque (ou du retrait) augmente; les muscles travaillent davantage en position basse, ce qui forme des karatékas capable de bondir à l'assaut une fois revenus dans une position plus naturelle, comme le fudo-dachi.

 Les principales positions

 

Le karaté comporte une vingtaine de positions conventionnelles que l'on classe en trois catégories; les positions préliminaires d'attente ou de cérémonial, les positions intermédiaires qui sont des points de passages dans l'enchaînement d'actions,et les positions de combat, qui offrent des conditions de stabilité et de mobilité adaptées aux différentes séquences d'attaque et de défense en combat.

Heisoku-dachi : position d'attente, pieds joints (collés).

Musubi-dachi : position d'attente, talons joints; position du salut.

Heiko-dachi : position naturelle, pieds parallèles, genoux légèrement fléchis.

Hachiji-dachi : position naturelle, pieds en «V» qui s'écartent légèrement.

Zen-kutsu-dachi : position vers l'avant, classique du Shotokan, pieds largeur des hanches, genou avant plié, jambe arrière droite, talons au sol; 60 à 70% du poids sur jambe avant.

Ko-kutsu-dachi : position vers l'arrière. Jambe arrière — le genou et le pied sont alignés). Les deux pieds à angle droit, talons sur une même ligne. 70 à 80% du poids sur jambe arrière, pliée. Genou avant légèrement fléchi. Typique au shuto-uke.

Nekoashi-dachi : position du chat (position arrière). Jambe arrière, pliée, supporte 90% du poids. Jambe avant, talon décollé du sol et vis-à-vis du gros orteil de l'autre pied. L'angle ne fait plus 90 °, mais se rapproche plutôt de 45 degrés.

Kiba-dachi : position du cavalier. 50% du poids sur chaque jambe. Talons sortent légèrement vers l'extérieur et genoux poussent vers l'avant. Pieds parallèles et enlignés, fessiers et abdominaux contractés, buste droit.

Fudo-dachi : position de combat. Entre zen-kutsu et kiba-dachi. Pied avant tourné vers l'intérieur, buste 3/4 de face. Genou arrière davantage plié qu'en zen-kutsu

Shiko-dachi : Comme kiba-dachi, mais pieds pointent vers l'extérieur.

Sanchin-dachi : Largeur des hanches, pieds décalés d'une longueur, pied avant pointe vers l'intérieur, genoux tendus vers l'intérieur.

Hangetsu-dachi : entre zen-kutsu-dachi et sanchin-dachi. Plus longue que sanchin, pieds mêmes directions. Plus courte que zen-kutsu-dachi.

Kake-dachi : position des pieds croisés, pied arrière, talon levé.

Tsuru-ashi-dachi : sur une jambe (la cigogne), l'autre pied dans le creux du genou.

Uchi-hachiji-dachi : pieds pointent vers l'intérieur

Teiji-dachi : pieds en "T"

Renoji-dachi : pieds en "L"

 

Les déplacements

Yumi ashi: Avancer d'un pas

Hiki ashi: Reculer d'un pas

Yori ashi: Pas glissé

Tsugi ashi: Pas chassé

Okuri ashi: Double pas

Mawari ashi: Déplacement tournant autour du pied avant

Ushiro mawari ashi: Déplacement tournant autour du pied arrière